
Mon père m’a fait un cadeau extraordinaire quand il a voulu que je m’occupe de la Fondation Marcelle et Jean Coutu », lance Marie-Josée Coutu, présidente de la fondation qui œuvre tant au Québec qu’à l’étranger. Elle ajoute : « D’année en année, notre volet international représente à peu près le tiers de nos dons totaux. » Que ce soit au Mali ou à Haïti, des gestionnaires de projets soutiennent les équipes de la Fondation.
La présence à l’international de la Fondation Marcelle et Jean Coutu date de sa création. « Avec le recul, on se dit qu’on vit sur une bien petite planète et quand ça va mieux ailleurs, il y a des répercussions chez nous, c’est un équilibre essentiel », explique la présidente. « C’est cette perspective internationale qui donne espoir pour nos projets ici. »
Mais toute cette expertise, personne dans la famille Coutu ne la possédait au départ : « Mon père se demandait s’il ferait mieux de faire plusieurs petits dons ou seulement quelques gros. » Aujourd’hui, elle en est convaincue, il y a de petits dons qui ont une portée incroyable pour de petits organismes et des dons plus substantiels qui changent les choses à l’échelle d’un quartier, d’une ville ou de la province. En fait, ce qui compte, c’est « d’encourager et de travailler avec les meilleurs organismes. C’est notre devoir et ça l’a toujours été », dit-elle.
Assurer la complémentarité
Afin que la distribution des dons effectués par la Fondation se fasse de manière optimale, il est important d’assurer une certaine complémentarité. En ces temps de COVID-19, c’est d’autant plus vrai. La Fondation travaille depuis fort longtemps avec Centraide : « On peut aider un organisme à mettre sur pied un projet spécial ou à acheter du matériel. Alors que, de son côté, Centraide va plutôt soutenir le salaire et les dépenses de ce même organisme », explique Marie-Josée Coutu. Cette complémentarité s’observe tout autant dans les plus vastes projets de la Fondation.
L’an dernier, l’Université de Montréal inaugurait son Complexe des sciences, qui s’érige aujourd’hui sur le site de la gare de triage à Outremont. Avec une superficie de 60 000 m2, le complexe est plus qu’un campus, c’est pratiquement un nouveau quartier. La Fondation Marcelle et Jean Coutu a investi 10 millions de dollars dans le projet. Collaborant avec des organismes présents sur le territoire de Parc-Extension, Marie-Josée Coutu croit avoir facilité la réflexion en provoquant des rencontres afin de créer un pont — au sens propre comme au figuré — avec Outremont. Aujourd’hui, une passerelle piétonne enjambe le Complexe et le relie au métro Acadie. C’est sans surprise que l’Université a choisi de lui donner le nom de passerelle Marcelle-et-Jean-Coutu.
Travailler avec souplesse
Parce qu’ensemble, c’est mieux, la Fondation a par ailleurs investi 10 millions dans un projet-phare du Réseau pour transformer les soins en autisme (RTSA), l’initiative Québec 1000 familles (Q1K), qui a pour but de mettre à la disposition de six grands instituts une banque de données concernant ces 1000 familles : « On ne peut peut-être pas compétitionner avec ce qui se fait aux États-Unis, mais on a ici un système de santé avec une souplesse qui nous permet de faire les choses différemment », affirme la présidente en précisant qu’il est plus productif que ces différentes équipes travaillent ensemble plutôt que d’être en compétition. « On fait l’envie de gros centres de recherche américains. »
Cette vision du travail en équipe représente un véritable moteur d’espoir pour la présidente. Et le processus peut s’appliquer à tous les niveaux : pourquoi ne pas mettre en relation les chiens de Schola Mira — les compagnons d’enfants aux prises avec un TSA (trouble du spectre de l’autisme) — avec les enfants ayant des déficiences intellectuelles qui fréquentent le Centre Miriam ou encore les itinérants de la Mission Old Brewery ? Cette nouvelle façon de collaborer, Marie-Josée Coutu la voit apparaître de plus en plus : « Ça va peut-être devenir notre ADN de philanthropes et de donateurs au Québec, j’ai beaucoup d’espoir dans cette façon de faire. On a le rôle de partenaire, et on veut faire en sorte que tous travaillent mieux ensemble. »
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Cet article a été publié par LeDevoir canadienne le 10 octobre, 2020. Lisez l’article ici.