MONTRÉAL — Une formation offerte par l’Institut-Hôpital neurologique de Montréal permet aux cliniciens des régions éloignées d’échanger avec des spécialistes afin de peaufiner leurs compétences en matière de diagnostic et de prise en charge de l’autisme.
Le Neuro est le seul établissement au Canada à proposer une formation bilingue de ce genre, améliorant du fait même la prise en charge de l’autisme en région.
Ce programme est d’autant plus nécessaire que les spécialistes de l’autisme sont souvent regroupés dans les grands centres, a rappelé sa responsable, la neuropsychologue Julie Scorah.
«Les communautés éloignées n’y ont pas accès, a-t-elle dit. Donc, c’est vraiment une façon de bien équiper (les cliniciens) pour voir ces patients-là, pour leur donner des connaissances plus spécialisées; c’est une façon de distribuer les données probantes, les lignes directrices diagnostiques, pour que tous les professionnels de la santé aient accès à ces connaissances-là.»
Le programme permet aux cliniciens des régions éloignées, justement, d’avoir accès aux spécialistes qui sont loin de chez eux pour apprendre «comment améliorer leurs soins aux patients», a-t-elle complété.
On estime qu’il faut généralement patienter neuf mois ou plus dans le secteur privé, et plus d’un an au public, avant d’obtenir un diagnostic d’autisme au Québec, puisque peu de cliniques sont en mesure de fournir un tel diagnostic, surtout pour les adultes.
Et en l’absence de diagnostic, les personnes autistes ne reçoivent aucune une aide spécialisée dans les domaines de l’éducation, du travail ou encore de la santé.
Le programme vise donc autant à renforcer la capacité des cliniciens à diagnostiquer l’autisme qu’à prendre la condition en charge, a dit Mme Scorah, «puisqu’il n’y a pas beaucoup de gens qui savent diagnostiquer l’autisme».
«(Les cliniciens) ont besoin de savoir comment travailler avec ces gens-là, comment leur fournir des services appropriés, a-t-elle expliqué. C’est pour le diagnostic, mais c’est aussi pour les soins continus.»
Les formations permettent à différents spécialistes ― allant des psychiatres aux neuropsychologues, en passant par les pédiatres développementaux et les neurologues ― mais aussi à des personnes qui vivent avec l’autisme de partager leur savoir et leurs connaissances.
La séance débute par une présentation d’une vingtaine de minutes de style PowerPoint, après laquelle on discute d’un cas spécifique en s’assurant d’anonymiser les données personnelles du patient. Les questions sont souvent posées par les participants des régions éloignées qui ont besoin de l’avis des spécialistes.
«On fournit toujours des recommandations après avoir discuté du cas, a dit Mme Scorah. C’est comme ça que les participants apprennent, en discutant de cas véritables et en voyant quelles sont les recommandations des spécialistes.»
Les formations sont annoncées sur un site web et par le biais d’une liste d’envoi à laquelle sont abonnées plus d’un millier de personnes. Des annonces sont aussi faites sur les réseaux sociaux.
Les participants, a dit Mme Scorah, trouvent «très intéressant» de pouvoir discuter avec des spécialistes à qui ils n’auraient autrement pas accès.
«Ils apprécient cette ‘ligne directe’ et de voir ce que d’autres membres de la communauté (médicale) font avec leurs patients, a-t-elle conclu. Ils aiment cette connexion avec d’autres professionnels. Ils réalisent qu’ils ne sont pas les seuls à avoir les mêmes questions ou les mêmes problèmes.»
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Cet article a été publié par Jean-Benoit Legault pour La Presse Canadienne via L’actualité, le 6 août 2025. Lisez l’article complet en ligne.